LA VOUIVRE
Bonjour Derek,
La vouivre est effectivement une espèce de dragon que j'avais répertoriée dans l'article consacré à ce thème (voir le lien suivant: https://luxesoterae.forumpro.fr/bestiaire-fantastique-f37/quelques-especes-de-dragons-t226.htm?highlight=dragons ).
Je te propose plus de détail sur cet animal, les informations ci-dessous sont tirées de Wikipédia.C'est une sorte de dragon ailé qui porte une escarboucle sur le front (contrairement au dragon, la vouivre ne possède pas de membres antérieurs). Cet œil, une gigantesque pierre précieuse, est parfois caché dans les roseaux des berges d'une rivière ou d'un lac tandis que la vouivre y pêche, et peut être subtilisé par un voleur audacieux. Le reste du temps, la vouivre veille sur les trésors souterrains.
Dans les contes populaires et en héraldique, serpent fantastique préposé à la garde d’un trésor possédant un corps de serpent, des ailes de chauve-souris et des pattes de pourceau.
En littérature : Marcel Aymé voit dans La Vouivre celle-ci comme une jeune femme nue vivant au milieu des marais et protégeant un énorme rubis. Cédric Vincent, quant à lui mélange les deux versions ; il imagine la vouivre comme un esprit lié à l'eau, qui se présente aux humains sous l'aspect d'une femme lorsqu'elle est heureuse, d'un dragon à deux pattes lorsqu'elle est en colère. Vouivre, en Franc-comtois, est l'équivalent du vieux mot français "guivre" qui signifie serpent et qui est resté dans le langage du blason.
Monstre folklorique, la vouivre, si longtemps oubliée, fait pourtant partie intégrante, depuis des siècles, du Patrimoine français. Son souvenir reste néanmoins vivace. Ainsi, tous les vingt ans se célèbre à Couches (Saône-et-Loire) la fête de la « Vivre », en l’honneur d’un monstre qui semait la terreur. La légende remonte à 1328 et la prochaine fête sera en 2008. La richesse des traditions vivantes est extraordinaire.
Une étymologie discutée:Son nom viendrait du latin vipera signifiant vipère. L'origine de son appellation pourrait aussi provenir de vivere (vivre en latin).
Dans vouivre, certains retrouvent une racine indo-européenne Gwer, Gwor, indiquant une idée de "chaleur" et dont dérivent des mots allemands, anglais et français qui ont perdu le son guttural initial ou qui l'ont adouci en un f comme warm et four; en d'autres termes.
La "Vouivre" ou la Guivre aurait été primitivement un "serpent de feu" et non pas un serpent d'eau. Cette étymologie expliquerait pourquoi les vouivres ont des ailes et portent au front une escarboucle étincelante, c'est-à-dire un charbon ardent, en latin "carbonculus"; quand elles plongent dans les fontaines ou dans les puits, elles laissent leur escarboucle sur la margelle. Il y a là une association de la "vouivre" avec une idée de lumière et de chaleur sortie des entrailles de la terre; aussi, traditionnellement la vouivre garde-t-elle les trésors souterrains. Souvent d'ailleurs la Vouivre crache le feu.
On serait également tenté de rapprocher la " Vouivre " de " Hwyfar " (esprit, fée en gallois) que l'on retrouve dans Gwen Hwyfar ou Guenièvre. Ce qui donnerait une explication du rapport entre les jeunes filles et les serpent selon les légendes.
L'escarboucle ou l'œil unique:De nombreuses vouivres sont représentées comme une sorte de dragon ailé qui porte une escarboucle sur le front. Cet œil, une gigantesque pierre précieuse, est parfois caché dans les roseaux des berges d'une rivière ou d'un lac tandis que la vouivre y pêche, et peut être subtilisé par un voleur audacieux.
Cette pierre a fasciné les hommes. Leur convoitise se retrouve dans de nombreuses légendes de nos provinces et les amène à la tuer pour s'emparer du diamant comme dans les contes similaires du Cantal, du Puy-de-Dôme, de Vienne, de Basse-Normandie, de Bresse, du Revermont... Paul Sébillot, dans "Le Folklore de France", a recensé beaucoup de légendes ainsi qu’Henri Dontenville dans son "Histoire et Géographie Mythiques de la France".
A Brétigny en Côte-d'Or, « Lai Sarpan du Bois du Roz » avait une couronne sur la tête, un œil de diamant, des écailles brillantes et sonores et un anneau à la queue.
Dans le conte, Le Serpent au diamant, le bûcheron qui dérobe l’escarboucle apprend de la bouche du roi qu’elle a le pouvoir de transformer le fer en or.
Les montagnes des Alpes et du Jura, un serpent volant aux proportions énormes, appelé vouivre, portait sur sa tête une aigrette ou couronne étincelante, et sur le front un œil unique, diamant lumineux qui projetait une vive lumière que l'on voyait de très loin. Lorsqu'elle voltigeait avec bruit de mont en mont, une haleine de flammes et d'étincelles sortait de sa bouche.
On voyait jadis dans les forêts de Luchon de grands serpents qui avaient une pierre brillante sur le front.
La « Male Beste » des bords de la Garonne est aussi, dotée au front d'un seul œil.
Une apparence variable selon les régionsLes serpents volants ne sont pas rares. Tels ceux du Château de la Fraudière à Jouhet (Côte-d'Or) et de Presly (Cher), la serpente volante du Château de Rosemont à Luthenay-Uxeloup (Nièvre), la couleuvre volante du Château de la Motte-Chevagnes (Allier) entre autres.
Toutefois, la vouivre peut avoir d'autres formes : On conte que les habitants du Valais se débarrassèrent d'un monstrueux serpent nommé la Ouïvra qui enlevait les bestiaux de la montagne de Louvye... La Ouïvra avait une tête de chat sur un corps de serpent...
Dans le Berry, grand serpent de quarante pieds de longueur se réveillait de temps à autre; sa tête était celle d'un homme.
Dans le Mâconnais, on parle de la Bête Faramine, monstre « faramineux » qui volait d'un coup d'aile de la Roche de Solutré jusqu'à Vergisson, ou bien encore de Thouleurs jusqu'à la pierre de la Wivre du Mont Beuvray. Toutefois, la Bête Faramine de Vergisson, qu'on appelle aussi "le Peteu" a perdu tout caractère reptilien : elle est présentée comme un oiseau gigantesque, du moins en apparence, puisque, une fois tuée et plumée, la bête ne s'avère pas plus grosse qu'un poulet. [1] La bête Faramine est aussi connue dans le Poitou où on l'orthographie « Bête Pharamine ».
Le « Dard » du sud de la Gâtine avait le corps d'un serpent à queue très courte et quatre pattes, une tête de chat et une crinière tout le long du dos. Son sifflement faisait peur. Lorsqu’il était attaqué, il mordait cruellement, mais il n'était pas venimeux. Cependant, il avait coutume de téter les vaches.
L'eau:La forme du serpent pourrait peut-être rappeler celle des méandres d'une rivière sauvage ; L'élément aquatique est en tout cas très fréquent dans les légendes de vouivre :
George Sand décrit dans Légendes Rustiques le Grand Serpent des étangs de la Brenne, près de Saint-Michel-en-Brenne. A Gargilesse, lieu de prédilection de George Sand, la Vouivre prend le nom de Gargelle.
Les légendes locales gardent le souvenir de la vouivre de Blamont (Doubs) qui lavait ses ailes brillantes à la source de la Fuge, de celle qui hantait les forêts du Mont Bleuchin (Doubs), de celle de Gémeaux (Côte-d'Or) qui se baignait dans la fontaine Demelet, de celles encore de Couches-les-Mines (Saône-et-Loire), de Vitteaux (Côte-d'Or), de Beaulon (Allier), de Fleury-sur-Loire (Nièvre)...
Vouivre et symbolisme contemporain... Dans Le Pape des Escargots d’Henri Vincenot, le héros se déplace en suivant les chemins de la vouivre, les chemins qui serpentent dans les campagnes, ce que font traditionnellement tous les pèlerins. Les cannes des paysans de nos campagnes, souvent décorées d'une vouivre, témoignent d'une ancienne connaissance qui a traversé les siècles : le serpent est symbole de sagesse et de guérison. La vouivre représente les courants d’énergie tellurique qui innervent la Terre considérée comme vivante.
Sur les hauts lieux, son énergie rejoint l’énergie cosmique. C’est pourquoi à ces endroits se succèdent depuis des millénaires les cultes, celtes, gaulois, romains et chrétiens. Beaucoup de sources sont dites « guérisseuses » parce qu’elles sont "chargées de l’énergie de la vouivre" du lieu.
Dans les temps reculés, il y eut sans aucun doute en France, en de nombreux endroits, de culte à la Terre-Mère dont le serpent est l'attribut. Certains, comme à Longpont-sur-Orge ou à Montmorillon, furent des lieux de culte à Isis.
Le serpent a été associé au féminin, et tout particulièrement aux Déesses-Mères. Son mouvement ondulatoire et sa forme l’associent à l'énergie sexuelle ; ses résurrections périodiques et ses mues l'associent aux phases de la lune qui incarnent le pouvoir régénérateur des eaux, mais aussi énergies latentes renfermées dans le sein de la terre. Il représente la force vitale, étant à la fois créateur et destructeur ; il est de ce fait d’essence supérieure. Salus, déesse de la Santé et de la Guérison chez les Romains, a comme attribut le serpent.Asclépios, dieux de la santé est celui qui trouva comment faire revivre les gens en voyant un serpent amener une feuille dans la bouche d'un autre, le relevant en même temps.
Les Dragons-Vouivres sont très souvent donnés comme habitants des grottes ou des cavernes, des lieux souterrains, qui furent, affirment des lieux d'initiation à l'époque néolithique.
Les déesses-mères étaient souvent souterraines ; tel serait peut-être le sens du buste de femme gravé dans une grotte sous la station préhistorique de Cordie. La déesse au serpent du Fâ de Barzan est peut-être la transposition d'une déesse chthonienne gauloise. Les vierges noires sont les héritières de ces déesses-mères.
En Provence, Alphonse Daudet, très au fait des traditions de sa région, nous dit que la Tarasque est «connue dans tout le pays sous le nom de "la mère-grand" _»! Elle est soumise par sainte Marthe (Mar = mère).
L'Energie de la Tarasque, celle de la Terre Vivante émergeant du Chaos, c'est celle de la Grand'Mère, la Mère-Grand, sonorité MRG, comme pour Morgane, Morgue, Margot, Marguerite. Cette Mère-Grand est Mère de l'Unité, Merlin, Mère de la Lumière, Merlusine. Et Mélusine, chthonienne, avec sa queue de serpent, est une Vouivre, elle qui s'envole par la fenêtre du château de Mervent. Que de légendes et de contes ont été recensés là aussi sur toutes ces fées et sur bien d'autres !