A cette époque là, j'habitais un petit village, non loin de Marseille. Cette histoire, que je certifie personnellement, date d'il y a environ un an.
J'étais au téléphone, avec une amie, et soudain, dans l'embrasure de la porte de ma salle à manger, une sorte de flamme blanche, pas rouge, ni bleue, je dis bien blanche, sur toute la hauteur de la porte, environ deux mètres et sur une quarantaine de centimètres de largeur. Souffle coupé, je regarde l'apparition, deux secondes tout au plus, et voilà ma flamme blanche qui semble descendre du plafond, et traverser le sol. je me précipite, pas de trace, ni en haut, sur le bois de l'embrasure, ni en bas, sur les tomettes rouges. J'en parle à mon amie, intriguée par mon silence. "L'électricité..." me dit-elle. Non, aucun fil électrique ne passe par là, pas plus que de conduite de gaz.
Ce n'était pas la première fois que cette forme blanche se manifestait. Un ou deux ans auparavant, un peu plus peut-être, je ne m'en souviens plus mais qu'importe?, j'allais de la salle à manger, où se trouvait mon ordinateur, à la cuisine, pour me faire un café. J'ai allumé la lumière, et là, une forme blanche, vaguement humaine, semblait assise sur la gazinière. Dès que la lumière fut, la forme a semblé se lever, et a flotté vers le mur d'en face, qu'elle a traversé, passant dans la salle à manger. Evidemment, j'ai tourné la tête pour la voir, mais elle avait disparu. Sans un bruit.
Au mois d'octobre de l'année dernière, j'ai eu la tristesse de perdre ma grand-mère maternelle, une sainte femme. Oncles et tantes se sont donc rassemblés, allées, venues, papiers, succession, etc... et peu de jours après, une de mes tantes est venue avec une amie, récupérer de menus objets, souvenirs sentimentaux. Il y avait, entre autres, des photos de ma grand-mère. Moi je suis arrivé peu après elles. Et ma tante, cartésienne en diable, sans doute plus encore que Descartes lui-même,qui me dit, tout d'un coup "Ecoute, il faut que je te dise quelque chose... Ma copine et moi, en arrivant tout à l'heure, on a vu une vieille femme, en bas du chemin, avec sa poussette de marché. Elle s'est approchée de la voiture, nous a souri, puis elle a continué son chemin, et elle a disparu...". L'amie de ma tante a continué "Et quand j'ai vu la photo de ta grand-mère, je l'ai immédiatement reconnue, la personne sur la photo, c'était celle qui nous avait souri, cinq minutes avant, en bas du chemin...". Elle n'avait jamais vu ma "Mémé", mais elle l'a immédiatement reconnue sur la photo...Et ma tante aussi qui m'a dit "elle était un peu voutée, comme Mémé, et je me suis dit, en la voyant, tiens, on dirait maman, elle ressemblait un peu à çà, de dos...".
Mémé était-elle venue dire un dernier adieu à ses enfants, à son quartier, à sa maison? Petit détail amusant, j'ai une chienne, Rita, qui a longtemps vécu avec Mémé. Depuis sa mort, je suis retourné chez elle quelques fois. Rita n'a jamais plus voulu rentrer dans la maison de Mémé. J'y suis rentré moi-même, à quelques reprises, mais j'ai toujours eu la sensation que je n'y étais pas seul. Hallucination, autosuggestion, crédulité? Je ne sais pas. Mais je sais ce que j'ai ressenti. Et ce que ressentais, apparement, Rita. Je suis convaincu qu'il reste quelque chose, dans cette vieille maison de pierres, et ce ne sont pas nos souvenirs d'enfants... Pas seulement...
Derek