Le terme "
hieros gamos" est dérivé des mots grecs signifiant " mariage sacré". Ses racines remontent aux anciens cultes de fertilité. Le rituel a évolué jusqu'à une discipline spirituelle hautement développée qui permettait à un homme d'atteindre la
gnosis, ou le savoir directement puisé dans le divin, grâce à une union sexuelle ritualisée avec une femme formée pour être prêtresse. La théorie est qu'un homme est fondamentalement incomplet et ne peut atteindre la divinité qu'en "épousant" le principe féminin dans une union physique et spirituelle, qui déclence un état de conscience altéré au moment de l'orgasme.
Cet état est symbolisé par Hermaphrodite, une dualité mâle/femelle figurée par la fusion du dieu Hermès et de la déesse Aphrodite. Plus encore, certains soutiennent que des références cryptées dans les textes médièvaux en rapport avec l'alchimie (l'art de la transmutation) seraient en réalité des allusions à des rituels sexuels de haut niveau. Les hérétiques médièvaux sont devenus habiles à développer un langage symbolique pour débattre de ces questions, et l'on retrouve souvent la rose, représentation des organes génitaux de la femme, par exemple.
Margaret Starbird, dont les théories, exposées dans
the Woman with the Alabaster Jar, a passé dix ans à étudier et à développer le thème du mariage sacré, ou Hieros Gamos. A travers un examen minutieux des passages bibliques et une analyse systématique du symbolisme hérétique médiéval, Margaret Starbird est arrivée à la conclusion suivante: le problème n'est pas tant la possibilité que la descendance du Christ existe réellement, mais la reconnaissance du fait que Jésus lui-même pourrait avoir célébré le rituel de l'union sacrée avec Marie-Madeleine. Les principes de famille et de fidélité que l'Eglise tente de maintenir, malgré les pressions de ce début de vingt et unième siècle, seraient susceptibles de sortir renforcés de la présentation du récit des noces de Cana comme un compte rendu du propre mariage de Jésus.
Un mouvement établi en France et fondé en 1840 par Eugène Vintras, l'Eglise du Carmel, effectue de sincères tentatives pour nuancer de "gnosticisme" une branche du catholicisme, en incorporant des rituels sexuels sacrées à ses partiques.Cette foi dans la relation sexuelle considérée comme un "sacrement" valut à l'Eglise du Carmel des accusations de satanisme, et Vintras finit par échouer en prison sur une fausse inculpation de fraude. Aprés sa libération, un ancien prêtre de l'ordre l'accusa d'organiser des orgies. En 1848, le pape finit par déclarer l'ordre hérétique et excommunia tous ses membres.
Dans le mouvement connu sous le nom de Frères de la doctrine chrétiene, fondée en 1838 par trois prêtres du nom de Baillard, qui étatient aussi frères, on trouve un rapport encore plus direct avec les rituels du Hieros Gamos. Ils établirent un lieu de culte important qur l'emplacement d'un sanctuaire païen, à Sion-Vaudémont, en Lorraine, où la déesse de L'amour Rosmerta avait été christianisée en 994, pour devenir une Vierge noire. Connu aussi sous le nom de frères de Notre-Dame de Sion, ce mouvement moderne semble trouver son inspiration dans un authentique ordre chevalier, l'ordre de Notre-Dame de Sion, fondé en 1393 par Ferr Ier de Vaudémont.
Cinq cents ans plus tard, la version du catholicisme des frères Baillard, qui soulignait le rôle du Saint-Esprit et exaltait la sexualité sacrée, connu un grand succès, notamment au sein de l'aristocratie. Mais en 1852, il fut également dissous, aprés d'inévitables accusations de messes noires. Par la suite, toute tentative pour incorporer la sexualité sacrée aux rites catholiques fut menée en secret. On assista alors à la prolifération d'une multitude d'ordre ésotériques aux convictions plus ou moins sincères.
Aujourd'hui, on tente de savoir s'il est possible de certifier la réalité du mariage de Jésus et de Marie-Madeleine. Soit on peut vraiment prouver la véracité historique de cette union, soit nous assitons à la résurgence d'un besoin primaire, et profondément ancré dans l'âme humaine, celui de rendre au divin féminin l'une des plus anciennes religions patriarcales du monde.