La maison du pendu:Texte issu du livre "Traditions, légendes et Sorcellerie de la Méditerranée aux Cévennes" de Richard Bessière Quand le chercheur, armé de sa lanterne, remonte la nuit des temps pour fouiller au plus lointain d'une région riche en légendes, croyances et récits les plus incroyables, il arrive aussi qu'il soit saisi par le présent... Un présent qui, par le jeu de la transmission orale, deviendra légende à son tour.
C'est ainsi que l'on bâtit le futur populaire d'un lieu et même d'une région, même si le populaire peut aussi être dramatique, cruel et douloureux. C'est le cas, je pense, de cette "maison du pendu" que j'ai découverte il y a quelques années à peine, non loin de Béziers, en direction de Pézenas.
Cette maison, isolée au mileu des vignes est pratiquement abandonnée par son propriétaire. Il est vrai qu'en raison du caractére insolite et inquiétant de cette maison, nul n'accepte d'y loger. Une famille compléte est pourtant venue s'installer là, un jour, parce que le père avait trouvé du travail chez un viticulteur de Valros (à quelques kilomètres à peine). Mais ces gens ne sont restés que trois jours.
Que s'est-il passé? Il faut d'abord savoir qu'en 1978, cette maison a été le théâtre d'un drame. Tout à commencé par un accident de voiture dont a été victime la jeune femme qui y logeait. Mais c'est avec le mari que le drame prend corps. Ce dernier, à peine agé d'une trentaine d'années, supporte mal la dispartion de sa jeune épouse. Un soir de décembre, peu avant Noël, il accroche une corde à une poutre de la remise et se pend. Auparavant, et fermement décidé à aller jusqu'au bout, il tue son chien, un berger allemand, d'un coup de fusil.
Depuis ce jour la maison est inhabitable.Voulant en avoir le coeur net, je me suis rendu un soir sur les lieux, muni de quelques accessoires de circonstance: lampe électrique, magnétophone, détecteur à infrarouges, sans oublier un petit matelas pneumatique dans le cas d'un attente prolongée.
Mon attente a quand même duré prés de deux heures. Et puis, tout à coup, des bruits se sont manifestés. Sortes de craquements très répétés, de glissements et de coups de plus en plus fort et violents. Coups dans les murs, sur les portes, celles-ci s'ouvrant comme sous l'effet d'un courrant d'air alors qu'il n'y avait pas de vent ce soir là. Ces coups me semblaient liés à quelques colères d'outre-tombe. Il y avait aussi des brutis de respiration, quelque chose de froid, tout à coup, qui m'enveloppait dans une ambiance d'oppression et d'angoisse. C'est en effet ce que j'éprouvais pendant que j'enregistrais les bruits sur mon magnétophone. Et aujourd'hui encore, quand je les écoute, tout cela est quand même assez impressionnant. Je ne suis pas facile à décourager et je sais rester maître de moi en toute circonstances, mais je dois reconnaître qu'au mileiu de ces phénomènes "paranormaux", je n'étais quand même pas tellement à mon aise.
J'ai essayé de comprendre et j'ai compris. La personne qui s'est suicidée est toujours là, du moins son esprit, comme la corde qui, depuis ce jour est restée accrochée à la poutre. Je pense que cet homme n'a jamais quitté ces lieux où il a vécu des jours heureux avec une femme qu'il aimait, m'a-t-on dit, plus que tout au monde. Et on a l'impression qu'il reste attaché à son petit univers, lequel devient vite un enfer lorsque quelqu'un ose venir le profaner.
Je n'ai pas insisté, mais je lui ai quand même parlé avant de partir, essayant de lui faire comprendre que je ne lui voulais aucun mal et que je souhaitais qu'il puisse enfin trouver la paix dans l'autre monde auprés de sa femme. M'a-t-il seulement compris, je ne sais pas. Et le chien? Ce qu'il y a de plus terrifiant, peut-être, c'est qu'en plus des coups, des frôlements et des bruits de toutes sortes qui résonnaient dans la maison, je percevais aussi, de temps en temps, et trés nettement, des grognements et des aboiements de chien. Mon magnétophone les a d'ailleurs très bien enregistrés. C'était la première fois que j'assistais à un tel phénomène. Surpris, j'ai regardé au dehors, mais il n'y avait rien, ni chien ni personne autour de la maison. J'étais bien seul au milieu des vignes. Ainsi donc, au bout de vingt ans les aboiements étaient toujours perceptibles.
Cette histoire est à peine coryable, je le sais, et les journalistes avec lesquels je suis revenu quelques temps aprés ont bien entendu, eux aussi, des bruits inconnus, inexplicables, à l'intérieur de cette maison hantée. Alors?
Dans une émission de télévision sur FR3, j'ai eu l'occasion de parler de cette affaire. L'émission était en public et devant l'intéret magnifasté par bon nombre de spectacteurs, j'avais proposé, avec l'accrod du propriétaire, de donner la clé de la maison, aux plus téméraires, bien entendu. J'ai eu quarante-huit demandes, mais je n'ai pu en satisfaire que trois, le propriétaire ne tenant pas à ce que sa maison devienne une sorte de musée. J'ai eu par la suite des nouvelles de ces courageux volontaires. Je puis affrimer qu'ils sont revenus avec des souvenirs qu'ils se paliront de raconter dans leur vieillesse, à leurs petits-enfants.
Je pense que c'est ainsi, à partir de simples faits, que naissent le croyances et les légendes qui animent nos régions.
Richard Bessière photographié à son domicile